Through films, installations and participative offerings, I have been exploring ways to recover our lost familiarity with death and the gestures of care that resist its disappearance. I have often rubbed against my own resistance to direct image-making. It is part of what interests me in the delicate subject I confront : how to bypass its crudeness to reach a more intimate bond that is still visceral and yet tender?
In the making process of my films, there is a continuum between my body, the lens of my camera and the object or subject in front of it. I consider the act of filming as a prolongation and a collaboration. It is a deeply embodied experience where the image arises from a fertile swirl of attention, connection, sensation and emotion. The result is often meditative pieces that provoke strong sensorial responses in the viewers.
The installation of my work tends toward creating a synesthetic experience. I’ve explored mediums such as incense or hypnosis that can offer a particular quality of presence for the visitors. These mediums have the ability to expand one's awareness bothinward and outward, opening sensitivity to the common mysteries of time and finitude.


« Anaïs Chabeur crée des espace-temps de transition, des expériences contemplatives et méditatives qui mêlent la vidéo, le texte et l’objet. Le voyage sensoriel auquel convient ses environnements interroge les mémoires, l’héritage des corps et notre rapport à la finitude. 

Les matières tactiles de ses oeuvres (cuivre, verre, bois de noyer, pierre de Chassagne etc.) interagissent avec le corps et étendent les sensations des visiteurs invités à les toucher et les saisir. En s’appropriant des formes simples et utilitaires du quotidien, Anaïs conçoit ses artefacts comme des multiples ni sculpturaux ni spectaculaires. Leur manipulation les fait exister et transmet une nouvelle charge émotionnelle, historique et vibratoire dans le cadre confidentiel de ses expositions offrant de possibles va-et-vient entre l’intime et la surface du monde. 

Les chorégraphies qu’elle orchestre dans les images et ses installations réinsèrent l’enveloppe humaine dans des réflexions immatérielles souvent marquées par une abstraction parfois troublante, magique ou ésotérique. Ainsi, Anaïs Chabeur aborde poétiquement les mouvements liés au soin et à leur nécessité, elle crée des passages et explore l’incertitude. 

Ses pièces mettent à distance la volonté de tout comprendre et retrace un besoin commun de renouer avec les dualités : l’individu et le collectif, vivre sans peur le présent et la finitude, l’instant ressenti et son expérience physique. L’exploration d’Anaïs Chabeur est une mise en récit, entre réalité et fiction, qui « cultiv[e] l’art de passer d’un monde à l’autre sans basculer » et tisse de nouvelles relations entre les corps et l’espace. 

Les mystères communs du temps et de la finitude résonnent dans une même insaisissabilité. À rebours du contrôle rationnel de l’existence, l’esthétique de l’attention de ses expositions conte plutôt l’histoire collective d’un nécessaire lâcher prise. » 

Antoinette Jattiot